Lâenterrement dans lâenclos familial des Khelif rejoint la logique du partage lignager et politique de lâespace urbain. Lâhomme servait de référence et de conseiller pour les Kairouanais en mal de sainteté depuis le milieu du XIXe siècle. La fondation dâun camp de garnison (qayrawân) obéit à un choix personnel du chef conquérant, cUqba Ibn Nafic, « lâhomme aux vÅux exaucés » (mustajâb al-dawâc) qui voulait en faire « un phare éternel pour lâIslam ». 12Lâédifice monumental de la Grande Mosquée se caractérise par sa majesté ainsi que par la sévérité de son caractère architectural qui nâest pas sans rappeler la vocation militaire et religieuse de la ville. 68Tous les jours, à lâheure de la prière, lâimam Khelif quittait son domicile pour se retrouver dans lâenclos communautaire et public de la Mosquée de âUqba. Fondée en 670, la ville de Kairouan a prospéré sous la dynastie aghlabide, au IX e siècle. Chemin faisant, un mouvement de foule de plus en plus vaste sâorganisa sur la base du slogan : « Allahou Akbar, mayimchich !» (« Dieu est Grand ; il ne partira pas ! »). 61Après avoir réintégré sa fonction dâimam de la Grande Mosquée de Kairouan, Khelif fut désigné membre du Conseil supérieur islamique en 1988 et, une année plus tard, il fut élu membre de la chambre des députés à la suite dâélections où il fut tête de liste du parti gouvernemental (RCD) à Kairouan, en compétition avec une liste « indépendante » conduite par M. Kéfi, professeur de sciences naturelles et militant de la Nahdha (ex-Tendance du Mouvement Islamique). 32Câest ainsi que le 17 janvier 1961, un groupe de fidèles réunis au sein de la Grande Mosquée de Kairouan décida de se diriger vers le siège du Gouvernorat. Il a donné l'impression que vous vouliez réaliser l'Algérie française. Son plan copie celui de la maison de Mahomet à Médine.. Elle comprend différentes parties : 44Pour salafiste quâil ait été, lâimam Khelif prétendait incarner lâidéologie réformiste de type conservateur appuyé sur la « raison religieuse », militant pour une « évolution des institutions » et une « réforme de lâenseignement » qui intègrerait dans les programmes « la psychologie de lâéducation, les dogmes non-musulmans, les doctrines économiques, lâhistoire de la colonisation, lâorientalisme, la christianisation, le sionisme et la franc-maçonnerie ». Il n'empêche toutefois qu'un certain nombre d'éléments se sont imposés par l'usage, même s'ils n'étaient pas obligatoires. Tel sera le destin du mouvement islamiste tunisien qui émerge dans un cadre national puis sâexpatrie. 14La Grande Mosquée de Kairouan est réputée pour avoir été un « phare du savoir » (manarat âilm) musulman au Maghreb. Espaces, institutions et pratiques. Pour Bourguiba qui apporta un soutien total au Gouverneur Amor Chéchia, les mobiles de « lâAffaire de Kairouan » seraient à chercher du côté de la rancune personnelle des Cheikhs qui ont perdu les privilèges dont ils jouissaient du temps du protectorat français. 55Si les principaux acteurs dans « lâAffaire de Kairouan » sont les Cheikhs Abderrahman Khelif, Taïeb Ouertani et Mohamed Chouicha, la liste des accusés est longue puisquâelle comporte 138 individus dont 44 en état de liberté. Au soir de sa vie, lâÅuvre de Khelif est clôturée par trois livres se rapportant aux « visions de la mort (avant, pendant et après) » où le penchant orthodoxe est maintenu contre toute dérive mystique ou tentation de superstitions magiques. Sa mihâna ou épreuve subie du temps de Bourguiba en a fait un héros et un symbole de lâislam protestataire tunisien. Or, le problème provient du fait que la protestation émerge de lâintérieur de lâappareil étatique des imams et non des marges des institutions. Le grand lot des lettrés citadins qui se sont engagés dans ce mouvement conservateur était formé de mouderess formés à la touna qui exerçaient également les fonctions dâimams et de prédicateurs dans les mosquées. à lââge de 14 ans, en 1932, il se rendit à Tunis pour suivre des études à la Grande Mosquée de la Zaytouna couronnées par l'obtention des diplômes de al-ahlîya en 1936, al-tahsîl en 1940 et al-calamîya en 1941. Par là , on entrevoit la logique politique implacable animant lâimam Khelif, que le pouvoir finira, plus tard, par saisir et exploiter. Seuls 6 acquittements ont été prononcés dans cette « Affaire de Kairouan » qui a marqué la mémoire et lâhistoire de la ville. Elle est divisée en deux grandes parties : la cour intérieure et la salle des prières. 62à Tunis, un autre cheikh zaytounien, de sensibilité ultra-conservatrice, Mohamed Lakhoua, sâest présenté en tête de liste des « indépendants » au point que la presse avait parlé dâun « duel des cheikhs » zaytouniens, en lâoccurrence Khelif et Lakhoua, tous deux ultra-conservateurs et hostiles à Bourguiba durant son règne de plus de trente ans. 66« Sidi mâtâ¦Sidî mât ! » (« Notre Maïtre est mortâ¦Notre Maître est mort » !). Founded at the same time as the city of Kairouan (al-QayrawÄn) by Muslim conquerors in 50 AH/670 AD, the Great Mosque (al-Jama âal-Kabir) is a high place of worship characterized by monumental architecture and religious prestige and history. Le minbar, utilisé par limam pour le prône, peut aussi bien être réalisé en bois comme ici, que parfois en pierre (monde ottoman et indien) ou en brique (monde iranien) ou même en pisé (Lybie). Si tu veux, tu peux accélérer sa punition en ce monde ; si Tu veux, Tu renvoies sa punition au Jour du Jugement Dernier ; et si Tu veux, le punir à la fois ici-bas et dans lâau-delà  ». A digital resources portal for the humanities and social sciences, Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, Histoire de la mosquée, mémoire de la ville, Lâimam Khelif, le « héros de la foi », Rébellion, répression et récupération, Licence Creative Commons Attribution - Pas dâUtilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International. Les mosquées ne sont pas décorées de statues ni de peintures représentant des personnages. Cette pratique nâétait pas dâusage à Kairouan, ni dans les autres villes musulmanes où la mort était et demeure féminine au niveau domestique mais, hormis Tunis et certains milieux évolués, exclusivement masculine au niveau de lâespace public. Il érigea la grande mosquée de Kairouan, qui demeure l'un des plus prestigieux monuments de l'Islam. Ils ont ainsi investi le champ religieux et intellectuel en vue de se substituer à la bourgeoisie traditionnelle issue des « grandes familles » et contrecarrer lâinfluence de la petite-bourgeoisie occidentalisée dont lâélite politique était emprisonnée ou exilée par le protectorat. Dâoù le risque de confrontation avec le pouvoir et le recours à la violence pour imposer la domination, de lâun au détriment de lâautre. 5Quatre hypothèses vont servir ici de toile de fond pour croiser le parcours de lâimam de la Grande Mosquée de Kairouan avec lâhistoire/mémoire de ce monument de lâIslam maghrébin, afin de pouvoir débattre des rapports, à la fois imbriqués et séparés, entre le religieux et le politique à lâépoque contemporaine : 61 â Lâémergence de la figure politico-religieuse de lâimam Khelif est le produit de la délégitimation de lâaristocratie et de la mémoire religieuses. Au niveau de la fonction, il seconde le Cheikh Tahar Saddem mais il est très actif sur le terrain et multiplie les contacts avec les fidèles grâce à la force de son caractère, à ses origines populaires et à sa présence continuelle au sein de la Grande Mosquée où il dirige les prières et enseigne bénévolement. Le premier prônait lâautonomie interne et une alliance avec la France alors que le second exigeait lâindépendance totale. à Tunis, il exerce en tant que prédicateur par intérim à la Mosquée de la Sebkha ; lieu connu pour avoir été le lieu dâenseignement du Cheikh Abdelaziz Baouandi, le fondateur et le président de lâAssociation de sauvegarde du Coran fondée en 1934 et relayée, après sa mort en 1947, par LâAssociation des Jeunes musulmans afin de propager la méthode orale de lâenseignement du Coran (imlâat) à Tunis et à lâintérieur du pays. 59Khelif, le « héros de la foi » et désormais « martyr de Kairouan », nâallait pas rester en prison et purger toute la peine. Today, the Great Mosque of Kairouan continues to occupy a special place both within the urban area and in the imagination of the Muslim faithful. Visite d'une immense mosquée qui fait partie de la médina de Kairouan, a l'époque ancienne elle s'appelait mosquée Oqba Ibn Nafi . Le dernier savant kairouanais est probablement Mohamed ben Mohamed Salah al-Joudi (1862-1943), auteur dâune histoire des qadhis de la ville, finement analysée par Jacques Berque, et dâun dictionnaire biographique de ses savants et de ses saints, encore inédit. 58La rébellion de 1961 rappelle dâautres épreuves (mihâan ; sing. Visiter la Grande Mosquée de Kairouan. 63Quels que soient les motifs politiques et personnels invoqués par le cheikh Khelif pour son ralliement au nouveau régime, le débat sur la place de la religion est devenu, depuis 1989, central au sein de lâespace public. It is a place for prayer, visits, meetings and gatherings for readings of the Koran (imlâat).Our study will reconstruct the contemporary social history of the Great Mosqueâs religious space in relation to the career of its imam, Sheikh Abderrahman Khlif (1917-2006), in order to understand the logic behind the reproduction of urban moral order through the charisma of the âTunisian Savonarolaâ who opposed Bourguiba and his modernizing project. Bien que la représentation figurée ne soit pas interdite dans le Coran, elle ne trouve pas sa place dans les mosquées1. Voir la notice dans le catalogue OpenEdition, Plan du site – Mentions légales & crédits – Flux de syndication, Nous adhérons à OpenEdition Journals – Ãdité avec Lodel – Accès réservé, You will be redirected to OpenEdition Search, Les mosquées. Véritable synthèse artistique, la Grande mosquée de Kairouan est un « monument exemplaire » qui sâimpose à la fois par sa somptuosité, son style austère et son côté spirituel, sublime et lumineux, qui tranchent avec lâenvironnement des maisons tassées de la médina et de la steppe sâétendant, jadis, au loin mais sâurbanisant, depuis quelques années, à un rythme accéléré et désordonné. Cette conception dérive du souci dâempêcher les opposants de manipuler le champ religieux contre lâinstance étatique.
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